La Birmanie, longtemps reléguée au rang de paria international, s'ouvre aujour-d'hui aux investisseurs. Bloomberg Businessweek ne s'y trompe pas et consacre sa une au « futur marché en plein expansion ». Penser que le pays est prêt ne dépend que de votre appétit pour le chaos, sous-titre l'hebdomadaire, rappelant que l'ouverture du pays, bien que spectaculaire, n'en est qu'à ses prémices.

Depuis la mue démocratique et la levée des sanctions américaines et européennes, la Birmanie n'en finit plus d'aiguiser l'appétit des grandes multinationales.Les hôtels de luxe,régulièrement fréquentés par des délégations d'hommes d'affaires internationaux, ne désemplissent plus.

Un nouvel eldorado qui soulève pourtant des questions chez les investisseurs : Qu'en est-il de la corruption ? des infrastructures aéroportuaires ? de l'état du système bancaire ou encore du réseau électrique ? En guise de réponse, l'hebdomadaire s'en remet aux expatriés : La définition d'un expert de la Birmanie, c'est la personne qui sait que, une fois sortie de l'avion, son BlackBerry ne fonctionnera plus. Tourisme, agriculture, le potentiel donne pourtant le vertige, sans oublier les ressources naturelles. Alléchées par les 3 milliards de barils de pétrole de réserve qui dorment au large des côtes birmanes, les majors du pétrole se sont récemment retrouvées à Rangoon, lors d'une conférence organisée par l'Etat.

Sur place, les investisseurs ne doutent pas que le pays devienne « un nouveau tigre », mais la Birmanie possède encore « le pire système judiciaire du monde», souligne Maplecroft, société spécialisée dans l'analyse de risque.

D'autre part, le corps social, affaibli par des années de dictature, sera-t-il capable de porter les réformes voulues par la tête du régime ? Sans compter que législateurs et politiciens se heurtent à un véritable mur : le « partage des richesses ». La Banque asiatique de développement alertait dimanche sur le niveau de pauvreté de certaines minorités ethniques, susceptible de provoquer des violences et de menacer le processus en cours. Les investisseurs sont ainsi prévenus : Rangoon ne se fera pas en un jour.

2012.07.10 Les Echos le-nouvel-eldorado-a-risque