Zarganar s’est rendu pour la première fois en France jeudi. Nous l’avons rencontré.

Pourquoi avez-vous été libéré ? Je pense que c’est, d’une part, grâce à la pression internationale, et d’autre part, à la pression populaire. Le gouvernement a peur du pouvoir du peuple, qui se bat pour faire libérer tous les prisonniers politiques –à ce moment-là, il y en avait encore plus d’un millier, et les familles étaient déçues de cela. Aujourd’hui il y en a encore 335. Mais je tiens à souligner quelque chose: j’ai juste été remis en liberté conditionnelle. Pas libéré au sens propre du terme. S’ils le décident, le président ou le gouvernement peuvent me renvoyer derrière les barreaux, même sans motif. Et alors j’aurais encore 31 ans et quelques à passer en prison...

Depuis quand êtes-vous autorisé à voyager ? J’ai reçu mon passeport le 21 novembre dernier. C’est la première fois que j’ai un passeport ! J’en ai fait plusieurs fois la demande, mais le gouvernement les avait toujours rejetées jusque-là. C’est mon premier voyage en France, c’est mon premier voyage en Europe ! (grand sourire, Ndlr)

Avez-vous peur de retourner en prison ? Nooon... La première fois, j’ai eu très peur, et j’étais déprimé. Mais maintenant, j’ai l’habitude! (rires, Ndlr)

Alors vous comptez continuer de militer, quitte à risquer d’être enfermé de nouveau ? Notre pays est dans une période de grands changements. Nous avons sacrifié ces vingt dernières années, et aujourd’hui, nous voyons la lumière. C’est l’aurore. Nous commençons à voir le lever du jour. Nous devons aller jusqu’au jour. Nous devons encourager notre pays à aller de l’avant, à continuer dans la bonne voie. C’est très important pour nous.

2012.06.14 Paris Match - Aurore-birmane