Le Parlement birman se consacre à plein temps au budget du pays, une tâche colossale pour un hémicycle inexpérimenté, dans un pays où les militaires avaient pris l’habitude de puiser à discrétion dans les caisses de l’État. Voilà presque un an que la Birmanie, dirigée par des juntes successives pendant un demi-siècle, s’ouvre aux rudiments de la démocratie. Et pour les parlementaires, dont un quart sont militaires et plus encore des soldats à la retraite, les dossiers hier impénétrables sont devenus des sujets de débat. Depuis des décennies, le budget était préparé par le seul gouvernement militaire. « Il n’y avait ni évaluation, ni discussion, ni dialogue.

Dans l’hémicycle, les lois sont désormais débattues, discutées, amendées même si le parti majoritaire dispose d’une majorité écrasante. Certains objectifs budgétaires semblent taillés sur mesure pour les Occidentaux : le ministère du Plan et du Développement dit vouloir doubler l’enveloppe de l’éducation et multiplier par quatre celle de la santé. Un choix salutaire : la Birmanie dépensait jusqu’à présent sept dollars par an et par personne pour la santé, soit 1,8 % de son budget, l’un des taux les plus faibles du monde selon un rapport de l’ONU en 2009. Mais le gouvernement Thein Sein réclame aussi 15,33 % du budget pour l’armée. « On ne peut pas accepter », a expliqué un député de l’opposition. Mais il refuse d’être cité sur un tel dossier. « On ne peut pas en parler ouvertement. C’est un sujet sensible », dit-il. Aye Maung, parlementaire de la Chambre haute pour le Parti du développement des nationalités rakhines (RNDP), juge au contraire la proposition acceptable. « Mais nous ne savons pas si ce chiffre est réaliste ou non, car on ne connaît pas le budget précédent », explique-t-il.

2012.02.13 L'Orient le Jour