Depuis l’échec des pourparlers du 19 janvier dernier entre le gouvernement birman et la rébellion kachin, la question ethnique, ainsi qu’il est convenu d’appeler le problème des rapports entre le centre birman et la périphérie du pays peuplée de minorités ethniques, reste entière.

Les réformes décidées par Naypyidaw se poursuivent et la campagne en vue des élections législatives partielles du 1er avril prochain va bon train. La dynamique réformatrice semble toutefois se heurter à la méfiance qui continue de régner au sein des organes politiques et militaires des rébellions ethniques. L’accord de cessez-le-feu signé le 12 janvier dernier entre le gouvernement et la KNU (Karen National Union) n’est pas accepté par une partie de la direction de la rébellion karen. Dans l’Etat Mon, situé dans la partie sud de la Birmanie, entre l’Etat Kayin et la mer d’Andaman, la situation ne semble pas non plus stabilisée : des contacts approfondis ont eu lieu le 1er février entre le New Mon State Party (NMSP) et Aung Min, ministre des Chemins de fer, au sujet de futurs pourparlers de paix, mais, le 8 février, le président du NMSP, Nai Htaw Mon, a déclaré que son organisation ne signerait pas de traité avec Naypyidaw tant que l’armée birmane continuerait à faire la guerre aux Kachins.

A la publication The Irrawaddy, Nai Htaw Mon a précisé : « Ne croyez pas que (les groupes ethniques) soient divisés. Avec ce gouvernement, chacun d’entre nous a vécu des situations particulièrement amères. Si nos demandes ne sont pas satisfaites, nous pouvons très bien retrouver une unité et reprendre les armes. »

Au-delà du scrutin du 1er avril et de la mise en place d’un début très réel de démocratisation, la question de l’organisation constitutionnelle future des institutions birmanes n’a pas encore été abordée, font valoir les observateurs. Les minorités militent pour une dévolution fédérale du pouvoir, mais, là aussi, les propositions concrètes font défaut.

Depuis la reprise des combats en juin dernier entre la KIA (Kachin Independence Army) et l’armée birmane, il est estimé que 60 000 Kachin ont fui leurs foyers pour trouver refuge dans des zones contrôlées par la rébellion ou encore en franchissant les frontières en direction de la Chine et de la Thaïlande. Le 9 février, l’agence Ucanews a publié le témoignage de deux rescapés de ces violences.

2012.02.09 Catholique.org