Il a conservé la tête froide à travers les années de prison, la torture et l’isolement. Mais Zarganar, le comédien le plus célèbre de Birmanie, n’était pas préparé à affronter la liberté telle qu’il l’a aperçue à Bangkok, pour son premier voyage à l’étranger. « Quand j’ai vu l’avion, ça m’a fait un choc, quant j’ai vu l’aéroport, ça m’a fait un choc, quand j’ai vu un grand immeuble, un grand pont, une bonne route, ça m’a fait un choc », a-t-il témoigné devant les journalistes. Mais c’est encore la jeunesse thaïlandaise, visage de la « liberté » et de la « confiance en soi » qui a réellement bouleversé le dissident, âgé de 50 ans. « Les jeunes de mon pays s’inquiètent tous les jours (…). Leurs visages sont pleins d’anxiété », a-t-il relevé lors d’une intervention au Club des correspondants étrangers de la capitale thaïlandaise. »Nous sommes des pays voisins, mais très différents »

« C’est une période d’observation, donc nous ouvrons la fenêtre pour regarder le gouvernement, ce qu’ils font, ce qu’ils feront », résume le comédien, lunettes rondes sous un crâne rond et lisse. Mais cette observation est telle qu’il milite déjà pour une levée des sanctions économiques, afin que l’aide occidentale puisse aider « notre peuple, pas notre armée ».

Zarganar appelle à « soutenir moralement et financièrement » des centaines d’autres prisonniers politiques dont la communauté internationale demande la libération. Mais pas question d’entrer en politique, avec la lauréate du prix Nobel de la paix Aung San Suu Kyi, elle aussi longtemps détenue et qu’il appelle affectueusement « tantine ».

Zarganar veut retourner en Birmanie, participer au festival de cinéma « Art de la liberté », avec un court-métrage qui s’appellera « Bonjour Démocratie ».

2011.12.20 WebAsies.com
2011.12.20 The Irrawaddy - Zarganar Won’t Run for Parliament

2011.12.20 DVB zarganar-tells-of-shock-upon-bangkok-arrival% %% 2011.12.20 Asian Correspondant - zarganar-shocked-after-seeing-liberty-in-bangkok/

Le crâne luisant, la face éclairée par un sourire malicieux, le verbe alerte, Zarganar, a séduit la centaine de journalistes lors de sa venue éclair à Bangkok au soir du lundi 19 décembre. L’homme maîtrise à la perfection l’art de la plaisanterie, et pourtant son passé atteste de ce qu’il est aussi : un opposant farouche à l’ex-régime militaire birman. Après sa première arrestation lors de la grande révolte de l’été 1988, Zarganar, un surnom qui signifie « pince pour arracher les dents », a été trois fois emprisonné, la dernière fois pour avoir organisé l’assistance aux victimes du cyclone Nargis.

A Bangkok, il s’est dit choqué de voir le développement économique du pays, mais aussi et surtout la confiance en eux-mêmes des jeunes Thaïlandais. Un contraste total, raconte-t-il, avec les jeunes birmans qui portent l’anxiété peinte sur le visage. Car plus que de politique, c’est de l’aide à la jeunesse et aux pauvres - lesquels constituent 70% de la population birmane - dont Zarganar veut s’occuper.

Il estime également que les sanctions occidentales affectent avant tout les Birmans ordinaires et qu’elles devraient être levées. Un exemple parmi d’autres : beaucoup de jeunes Birmanes qui travaillaient dans les usines textiles ont dû se tourner vers la prostitution après la fermeture de ces usines.

2011.11.20 Radio France Internationale - La Thaïlande, première destination du comédien birman Zarganar depuis sa libération