Pensez-vous que d’autres détenu·e·s politiques seront libéré·e·s prochainement ?

La pression internationale peut y contribuer. J’espère que beaucoup seront libérés. Je ne sais pas si les leaders seront concernés. U Gambira est malade et il risque de mourir s’il n’est pas soigné dans les plus brefs délais, mais il n’a pas été libéré. Le gouvernement a peur de lui parce qu’il est une preuve vivante de ce qu’il a subi en prison

Est-ce que le dialogue est possible avec des représentants du gouvernement ? Je ne suis pas dans une position où je peux parler aux représentants du gouvernements parce que nous ne sommes pas d’accord sur les chiffres. Nous disons qu’il y a 1800 prisonniers poli-tiques. Le gouvernement dit qu’il y en a 300. Nous tenons compte de tous les prisonniers poli-tiques: ceux qui ont pris part aux manifestations pacifiques, ceux qui ont fait partie de groupes de résistance, ceux qui ont été suspectés d’avoir manifesté ou d’être affiliés à des groupes de résistance. Pour commencer un dialogue, il faut que le gouvernement reconnaisse que les prisonniers politiques sont des prisonniers politiques, et non des criminels.

Que pensez-vous de la libération de détenu·e·s politiques en octobre 2011 au Myanmar ? Je suis en colère. Nous, les membres de l’Association pour les prisonniers politiques en Birmanie, ne savons pas qui a été relâché. Le gouvernement ne distingue pas les prisonniers politiques des criminels. Le problème est que les prisonniers politiques sont considérés comme des criminels et qu’ils ont des casiers judiciaires. Avoir un casier judiciaire signifie ne pas avoir de passeport, ne pas pouvoir faire d’études, ne pas avoir de futur. Nous demandons au gouvernement de reconnaître les prisonniers politiques en tant que tels.

Vous avez reçu le prix «Freedom and human rights» pour votre engagement dans la défense des droits humains. Quelle est votre réaction ? C’est symbolique. C’est pour tous les prisonniers politiques, pas seulement pour moi.

Bô Kyi a été emprisonné en 1988 pour sa participation au mouvement de révolte contre la junte militaire birmane. Exilé en Thaïlande depuis sa libération, il lutte pour les droits des prisonniers et prisonnières d’opinion birman·e·s.

Amnesty International Suisse 2011.12.06