Une nouvelle loi saluée par l’opposition et par l’ONU permet désormais aux Birmans de se syndiquer et de faire grève, un droit qui devrait pourtant prendre du temps à entrer dans les mœurs dans un pays où le militantisme syndical pouvait jusqu’ici conduire en prison. Les travailleurs, à l’exception des militaires et des policiers, peuvent à présent créer des syndicats d’un minimum de 30 membres, avec un nom et un logo. Ils peuvent également organiser une grève avec un préavis de 14 jours, en précisant notamment le nombre de participants. Est cependant exclu de tout arrêt de travail le personnel de secteurs jugés essentiels (distribution de l’eau et de l’électricité, services de santé, télécommunications, pompiers). La loi permet aussi d’empêcher la fermeture des lieux de travail. En cas de non respect des règles, un employeur est passible de 100.000 kyats (125 dollars) d’amende et un an de prison, et un employé de 30.000 kyats (38 dollars) d’amende.

Mais après un demi-siècle de régime militaire, les mentalités n’évolueront que lentement. «C’est une nouvelle approche et une nouvelle culture». Mais un retour en arrière ne peut être exclu. Et au texte devra s’ajouter une véritable volonté politique, a souligné Sean Turnell, spécialiste de la Birmanie à l’université Macquarie de Sydney. «Sur le papier, la Birmanie a de nombreuses bonnes lois sur l’environnement, les droits de l’Homme et autres, mais sous l’ancien régime militaire, elles n’avaient jamais été appliquées», a-t-il relevé.

Mercredi, environ 200 des quelque 2.000 prisonniers politiques ont été libérés dans le cadre d’une vaste amnistie. Seuls quelques militants syndicaux en ont bénéficié, les autres sont restés derrière les barreaux. «Certaines personnes auront peur» de faire grève, a convenu Steve Marshall. Les travailleurs devront être «convaincus» d’un changement sincère du régime.

2011.10.14 Le Monde - les Birmans obtiennent le droit de greve