Les démocrates birmans célèbrent aujourd’hui la date symbolique du 8 août 1988 (8-8-88). Celle-ci marque le point culminant d’un soulèvement de grande ampleur contre la junte militaire birmane, qui avait rassemblé des centaines de milliers de personnes, et conduit à la démission de l’homme fort du régime, le Général Ne Win. Le 18 septembre 1988, le soulèvement avait pris fin dans une répression sanglante faisant environ 3000 morts, et avortant les espoirs des manifestants. A l’occasion de cette triste commémoration, Reporters sans frontières publie l’interview du rédacteur en chef du mensuel Birman Irrawaddy, Aung Zaw, contraint de quitter la Birmanie après le coup d’Etat militaire de septembre 1988.

Qui compose la rédaction d’Irrawaddy et quel est son fonctionnement ? La rédaction d’Irrawaddy est basée à Chiang Mai, au Nord de la Thaïlande. Elle abrite 35 personnes. Nos journalistes se rendent souvent à la frontière pour couvrir les événements en lien avec la Birmanie. Nous avons également des correspondants en Birmanie ou aux frontières entre Birmanie, Thaïlande et Inde. Une petite équipe de journalistes travaille pour nous depuis la Birmanie et nous permet de recueillir des informations en temps réel de l’intérieur du pays. Il leur est bien évidemment impossible d’exercer leurs activités ouvertement. Les représailles qu’ils encourent les obligent à travailler de manière clandestine. Un de nos journalistes a ainsi été condamné à sept ans de prison en 1995, simplement pour avoir exercé son métier. Nous recevons, enfin, des informations de la part de sources proches ou travaillant pour le régime.

Irrawaddy s’intéresse à tous les sujets : économiques, politiques, sociaux, culturels en Birmanie, certes, mais aussi dans le reste de l’Asie. Nous couvrons ainsi très largement l’actualité thaïe. Nous dénonçons notamment les discriminations et les persécutions dont sont victimes les réfugiés birmans qui vivent le long des frontières avec la Birmanie, qui sont de véritables zones de non-droit. Il nous serait impossible de travailler comme nous le faisons depuis la Birmanie. Là-bas, la censure est trop importante et nombre de nos journalistes sont d’anciens prisonniers politiques ou des étudiants qui ont milité pour la démocratie. En cas de retour, ils seraient, à n’en pas douter, arrêtés.

Qui sont les lecteurs d’Irrawaddy ? Irrawaddy est lu par des millions de personnes sur l’ensemble de la planète, principalement grâce à notre site et notre blog. Nos lecteurs incluent non seulement des Birmans en exil, mais aussi des membres d’ONG, des personnels d’agences onusiennes, d’ambassades ou gouvernementaux, des chercheurs universitaires, des militants des droits de l’homme, des médias, des journalistes. Bien que censuré par le gouvernement birman, notre travail est lu en Birmanie tant par l’opposition que par les membres de la junte. Les Birmans peuvent également nous suivre par l’intermédiaire de la chaine satellitaire de la DVB, sur laquelle nous diffusions des bulletins d’informations quotidiens (Dateline Irrawaddy), des séries d’interviews (Face to Face) et des documentaires. Radio Free Asia diffuse également une émission hebdomadaire d’analyses et de débats politiques que nous animons. Nous sommes heureux de collaborer avec ces médias qui poursuivent le même but que nous : offrir une information libre et indépendante à nos concitoyens en Birmanie et au reste de la communauté internationale. Sur Internet, nos lecteurs contournent la censure d’Etat grâce à des proxies. Plus de 35 000 birmans consultent Irrawaddy.org depuis la Birmanie chaque mois. Des exemplaires d’Irrawaddy sont également distribués dans certaines ambassades à Rangoon.

2011.08.08 Reporters Sans Frontieres