Les Rohingyas, décrits par l'ONU comme une des minorités les plus persécutées au monde, sont des musulmans apatrides dont le groupe le plus important vit dans l'ouest de la Birmanie, victimes de multiples discriminations qui ont poussé des centaines de milliers d'entre eux à l'exil.

Le Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) estime à 800.000 le nombre de Rohingyas confinés en Birmanie principalement dans trois districts de l'Etat Rakhine, à la frontière avec le Bangladesh.

La loi birmane sur la nationalité de 1982 spécifie que seuls les groupes ethniques pouvant faire la preuve de leur présence sur le territoire avant 1823 (avant la première guerre anglo-birmane qui a mené à la colonisation) peuvent obtenir la nationalité birmane. Elle les a donc laissé apatrides. Mais les représentants des Rohingyas assurent qu'ils étaient là bien avant cette date. En plus d'être apatrides, ils sont confrontés à d'autres formes de persécutions et discriminations. "Cela inclut (mais n'est pas limité à) le travail forcé, l'extorsion, les restrictions à la liberté de mouvement, l'absence de droit de séjour, des règles de mariage injustes et la confiscation des terres. Les Rohingyas ont également un accès limité à l'éducation secondaire et supérieure, ainsi qu'à d'autres services publics", écrivait le HCR dans un rapport publié en décembre.

Cette situation a poussé nombre d'entre eux à fuir l'Etat Rakhine. Deux vagues massives d'environ 250.000 réfugiés chacune étaient ainsi arrivées au Bangladesh en 1978 et en 1991-92, suivies à chaque fois de rapatriements "dont le caractère volontaire était réellement en question", selon l'agence onusienne. Selon le HCR, avant les violences de juin entre musulmans et bouddhistes dans l'Etat Rakhine, quelque 230.000 vivaient au Bangladesh, dont environ 30.000 enregistrés dans deux camps officiels. Les autres "vivent dans des sites informels" et "surpeuplés", où les "conditions sont très difficiles", a indiqué cette semaine Vivian Tan, du HCR. Des responsables bangladais estiment eux à environ 300.000 les Rohingyas vivant dans leur pays, qui les considère surtout comme une charge. Beaucoup ont donc entrepris ces dernières années le périlleux voyage en bateau vers la Malaisie ou la Thaïlande, dont la marine a été accusée par le passé de les avoir repoussés à la mer. Les garde-côtes du Bangladesh ont également repoussé plusieurs bateaux en juin et renforcé ces derniers jours les patrouilles frontalières pour décourager toute nouvelle tentative. Selon le rapport du HCR de décembre, des centaines de milliers d'autres vivent dans les pays du Golfe (400.000), au Pakistan (200.000) ou en Thaïlande. Mais la nouvelle destination de choix des "boat people" rohingyas est la Malaisie, où 24.000 sont enregistrés auprès du HCR, mais où des milliers d'autres vivraient illégalement.

Ces musulmans sunnites parlent une forme du chittagonien, dialecte bengali utilisé dans le sud-est du Bangladesh. Beaucoup de Birmans, en particulier dans l'Etat Rakhine majoritairement bouddhiste, les considèrent comme des étrangers, des immigrés illégaux venus du Bangladesh et les appellent "bengalis".

2012.11.05 Lci.tf1.fr