De ce quart-de-siècle d’escapades derrière le rideau de bambous, Thierry Falise retient, parmi les moment les plus forts, la rencontre avec l’Armée de Dieu, un groupe de guérilla dirigé par deux enfants jumeaux sur lequel il a écrit un livre de docu-fiction intitulé Les petits généraux de Yadana. « On voit souvent des enfants-soldats, mais là c’était une armée dirigée par des enfants. C’était unique », s’exclame-t-il. Il se souvient aussi des nombreuses incursions dans le nord-est de la Birmanie qu’il a effectuées avec les Free Burma Rangers, des médecins volontaires qui partent soigner les membres des minorités ethniques dans les zones où sévit l’armée birmane. «Il y avait de beaux moments, des rencontres avec des gens tels que tu n’imagines pas qu’ils puissent en exister», dit-il.

Son expérience du terrain combinée à une connaissance approfondie de la politique du pays permet à Thierry Falise d’avoir un regard particulièrement aigu sur l’ouverture politique et économique qui prévaut depuis le début de l’an dernier. Il se dit notamment frappé par « l’ignorance totale » des Birmans éduqués en ce qui concerne la vie des minorités ethniques. « Il y a un énorme travail d’éducation à faire, du côté des Birmans comme du côté des minorités. C’est indispensable pour établir un niveau de confiance qui puisse permettre une paix durable », dit-il. A ses yeux, l’ouverture politique birmane est une évolution étonnante tant par son ampleur que par son rythme, mais « tant que le dossier des minorités ethniques ne sera pas résolu, la question birmane ne le ne sera pas non plus. (…) Les Birmans doivent décider quel type d’identité ils veulent donner à leur pays ».

Burmese Shadows: 25 Years of Life Reporting Behind the Bamboo Curtain, par Thierry Falise, Editions McNidder & Grace.

2012.09.07 AsieInfo