Les élections d’avril ont porté les fruits que le régime birman espérait : les Etats-Unis ont suspendu leurs sanctions vis à vis du Myanmar. Une mesure prématurée et dangereuse.

Convaincre la communauté internationale et les investisseurs étrangers qu'une véritable transition démocratique avait eu lieu, a pris du temps, mais le régime Birman est arrivé à ses fins. Les journaux économiques font déjà l’éloge du nouveau « tigre de l’économie asiatique » et les gouvernements ont abandonné toute sanction. Seulement, ce n’est pas le monde des affaires que le régime devrait tenter de convaincre, mais son propre peuple, car la population le sait : la mutation du pays n’est qu’un changement de façade.

Les réformes que le gouvernement a menées se sont concentrées sur les villes et régions centrales du pays : celles sur lesquelles les puissances et compagnies étrangères se basent pour juger de la situation globale du pays. Les minorités qui représentent près d’un tiers des birmans, sont toujours ignorés lors des visites des diplomates et journalistes.

L’État de Kachin est un excellent exemple de cette situation. Une guerre y fait rage depuis des années, l’armée birmane y abuse de la population quotidiennement et aucun observateur ou journaliste ne met un pied dans cette partie du pays. Le travail forcé, les exécutions, la persécution religieuse et les pillages sont encore aujourd’hui monnaie courante dans les États de Karen, Shan et Chin qui sont pourtant sous cessez-le-feu. Le Kachin Development Networking Group a récemment mis en lumière les effets de ce développement forcé et révélé le nom de sept entreprises prenant part à des violations des droits de l’Homme. Ce rapport a révélé des abus du même ordre aux quatre coins du pays .

Aujourd’hui, la suspension des sanctions à l’encontre du gouvernement birman ne pourra avoir qu’une conséquence : l’augmentation du nombre d’abus. Si des mesures ne sont pas rapidement prises pour lutter contre ces pratiques, les pays occidentaux deviendront complices de ses violations des droits de l’Homme. Les sanctions qui étaient menées à l’encontre du gouvernement, étaient appliquées pour une bonne raison : exercer une pression extérieure pour permettre un arrêt total des violations des droits de l’Homme perpétrées dans le pays. C’est pourquoi les suspendre est une décision prématurée. La communauté internationale doit continuer à jouer son rôle dans la transition démocratique du pays.

2012.06.07 Jol Press