Encouragés par l'évolution positive du régime birman, les bailleurs de fonds des programmes humanitaires reviennent progressivement dans le pays, et délaissent en conséquence les ONG qui travaillent le long de la frontière thailandaise avec les populations réfugiées.

Trente-six ONG birmanes de Thaïlande ont écrit aux bailleurs de fonds étrangers pour les prier ne pas les oublier. Et ce ne sont pas seulement les projets éducatifs qui souffrent. La célèbre Mae Tao Clinic de Mae Sot, qui prodigue chaque année des soins médicaux à des milliers de réfugiés, n'a reçu que l'équivalent de la moitié de son budget annuel. Le Thai Burma Border Consortium, qui fournit des rations alimentaires et autres produits de première nécessité à 145 000 réfugiés, va lui aussi avoir du mal à maintenir ses programmes. "Désormais, les réfugiés ne reçoivent que 80 % du minimum requis en aliments et autres. Des coupes dans les salaires des enseignants ont déjà été effectuées, confie Sally Thompson, sa directrice adjointe. Du coup, il est désormais très difficile de trouver des enseignants car ils cherchent d'autres sources de revenus."

Hla Tun Nandar, 33 ans, est directeur de l'école Wat Phra That et donne des cours bénévolement à la Wiang Wai School. Il sait combien la situation est difficile pour les élèves immigrés. "Les enfants ont soif d'apprendre. S'ils n'ont plus de soutien financier, leurs parents ne pourront pas prendre le relais. Leur avenir sera incertain. De mon côté, je fais mon possible pour qu'ils sachent au moins lire et écrire. Au moins ça leur servira à l'avenir."

Les Etats-Unis ont récemment assoupli leurs sanctions à l'encontre du Myanmar et annoncé qu'ils autoriseraient les transactions financières destinées à soutenir des projets humanitaires et de développement qui permettent aux ONG d'étendre leurs opérations à l'intérieur du pays. L'Australie a accru son aide à la Birmanie de 29,1 millions de dollars en 2009-2010 à 47,6 millions de dollars. L'Union européenne a quant à elle débloqué une enveloppe de 150 millions d'euros pour 2012-2013.

2012.05.29 Courrier International