En Birmanie, les gens ne meurent pas de faim, mais le pays souffre de deux maux principaux : la faiblesse du système éducatif et des failles béantes dans le système de santé.

Un « Groupe caritatif interreligieux », réunissant des bouddhistes, des protestants, des catholiques et des musulmans s'est constitué. « C’est ainsi que nous avons appris à nous connaître et à nous apprécier. Un moine m’a confié qu’auparavant, à la vue d’un crucifix ou d’une église chrétienne, il avait envie de jeter des pierres, mais que, dorénavant, il savait qu’il avait là des amis », explique le Père John, né en 1959 à Mandalay. Le prêtre catholique avait envie de « faire quelque chose » pour les habitants de sa ville natale. Si on trouve bien des hôpitaux publics et des cliniques privées à Mandalay, les premiers sont débordés et minés par la corruption et les secondes hors de prix. « Il fallait faire quelque chose pour soigner les pauvres. J’ai pensé à un centre de soins mais je n’avais pas de terrain. Je me suis ouvert de mon projet à l’un des moines qui participaient à notre groupe caritatif interreligieux et c’est lui qui nous a trouvé une maison dans l’enceinte d’une pagode bouddhique, idéalement située à proximité immédiate du fleuve Irrawaddy »,

Ouverte au début de ce mois de mars, la clinique s’appuie sur une équipe de quinze médecins et de plusieurs infirmières, tous bénévoles, et accueille en moyenne de 50 à 60 patients par jour.

Parmi les personnes récemment soignées se trouve un moine bouddhiste porteur du virus HIV. Ce moine lui a confié avoir été contaminé avant de devenir moine et avoir choisi de revêtir la robe safran précisément pour être nourri et logé gratuitement en dépit de sa maladie, mais que jamais il n’aurait imaginé être soigné gratuitement dans une clinique ouverte par des catholiques.

D’un point de vue financier, le prêtre précise qu’au fil des années, il s’est constitué un réseau de bienfaiteurs qui lui font passer de l’argent et des médicaments par des touristes de passage (le réseau bancaire étant inepte en Birmanie, les transferts internationaux sont impossibles).

Selon le Vénérable Seinnita, la clinique répond à un besoin « vital » des habitants de Mandalay, ajoutant qu’il était fier que « les religions aient pu travailler ensemble à la réalisation » d’un tel projet.

2012.03.15 Eglise d'Asie